Grande fête chrétienne, Noël commémore la naissance de l'enfant Jésus. Ainsi, le mot «Noël» vient du latin natalis, qui signifie «nativité» ou «jour de la naissance». Mais avant même l'avènement du christianisme, des fêtes romaines, germaniques ou celtiques marquent déjà le début de l'hiver partout en Europe.
Destiné à supplanter les célébrations et les rites païens, le calendrier des fêtes religieuses fait peu à peu son apparition à partir du IVe siècle. Les premières célébrations de la naissance de Jésus se situent donc à cette époque, période où le christianisme devient la religion du plus grand nombre. Finalement, c'est en l'an 354 que le pape Liberus instaure la Nativité et retient la date du 25 décembre.
On dit même que l'Église a introduit la figure des saints dans les coutumes païennes existantes – dont saint Nicolas, patron des enfants – dans le but de christianiser l'ancienne religion celtique et d'en éliminer les dieux païens. Cependant, le mythe de «l'homme de Noël», esprit de l'ancêtre et gardien des traditions, se révèle un des plus anciens et des plus tenaces de la société occidentale, bien qu'au fil des siècles et au gré des cultures, il se soit quelque peu transformé.
L'image tant aimée du père Noël moderne ne représente que la pointe de l'iceberg. Son origine et celle de l'arbre de Noël remontent en fait à plusieurs milliers d'années, lorsque le personnage mythique aujourd'hui appelé père Noël ou Santa Claus était considéré comme l'esprit de l'ancêtre venant rendre visite à ses descendants.
Nicolas de Myre (270-310) aurait été évêque en Asie Mineure (la Turquie actuelle) au IVe siècle et serait décédé un 6 décembre. Saint Nicolas était vénéré non seulement à titre de patron des enfants, mais aussi comme celui des marins, des marchands, des voleurs et des prostituées. On lui prête des actions charitables, dont le don d'une dot à deux jeunes filles pauvres, et même des miracles. On lui attribue notamment la résurrection de deux enfants qui auraient été massacrés et conservés dans la saumure par un méchant boucher. Mais c'est à partir du XVe siècle que, sur les bords du Rhin, saint Nicolas commence à passer dans les maisons, la veille du 6 décembre, pour récompenser les enfants sages en leur offrant pommes et noix en échange de prières.
À la fin du XVIe siècle, alors que la coutume du saint distributeur de cadeaux se répand dans de nombreuses régions d'Europe, le protestantisme apparaît en Allemagne. À Strasbourg, en Alsace, saint Nicolas, considéré comme trop papiste, est violemment critiqué. Après la Réforme protestante, la Saint-Nicolas est donc abolie dans plusieurs pays européens et, pour l'éducation des enfants, on lui substitue l'enfant Jésus, déplaçant la date de distribution des cadeaux du 6 au 25 décembre. Toutes les régions protestantes d'Europe emboîtent le pas, alors que resurgissent peu à peu dans les mémoires collectives les anciennes fêtes de l'hiver. On voit ainsi réapparaître les fées ainsi que le bonhomme Noël. En Hollande, et dans plusieurs autres pays européens, le personnage de saint Nicolas demeure cependant très estimé. Il apparaît comme un digne vieillard de haute stature, avec une longue barbe et des cheveux blancs, vêtu de la cape, de la mitre et de la houlette de l'évêque. Il a apparemment tout du saint catholique, mis à part sa curieuse habitude de voler dans le ciel, assis sur son âne et suivi de son valet noir... Personnage plutôt moralisateur, le Sinterklaas hollandais dépose des présents dans les souliers es enfants sages, tandis que les enfants désobéissants sont punis par Zwarte Piet, le valet.
Vers 1778, les protestants du nord de l'Allemagne, les landgraves, font resurgir des tréfonds du passé «l'homme de Noël», en allemand weihnachtsmann, portant lui aussi une longue barbe et un grand manteau de fourrure. Il incarne, dans les rites anciens, l'esprit de l'ancêtre venant rendre visite aux vivants au moment du solstice d'hiver. La légende raconte que le weihnachtsmann passe toute l'année au coeur d'une montagne, parmi le «petit peuple» dont il fait partie. Chaque nuit, un petit homme, sorte de nain ou de gnome, monte la garde à l'entrée de la grotte dans laquelle se situe le palais. Au bout de 360 nuits, le weihnachtsmann et ses lutins sortent de leur retraite. Ils vont dans la forêt armés de haches afin de couper des sapins destinés à la fête, qu'ils décorent ensuite de bougies, de pommes d'or, de noix et de bonbons. La nuit de Noël venue, le bonhomme parcourt en traîneau les villages environnants pour vérifier si les enfants sont sages. Si oui, il laisse un magnifique sapin couvert d'étrennes.
Au début du XVIIe siècle, en 1626 plus précisément, un navire rempli de colons venant des Pays-Bas touche les terres d'Amérique. Ceux-ci sont venus pour fonder la colonie hollandaise de la Nouvelle-Amsterdam. On dit que la figure de proue de leur navire est saint Nicolas, également patron des marins. Quelques décennies plus tard, la coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas s'étend un peu partout aux États-Unis. En 1664, la colonie est cédée à l'Angleterre et devient la Nouvelle York (New York). Pour les Américains, le Sinterklaas hollandais devient rapidement Santa Claus. Un siècle et demi plus tard, Clement Clark Moore, un professeur de théologie, réintroduit le vieux Sinterklaas hollandais dans un poème où il le décrit comme une sorte d'elfe, le métissant avec le weihnachtsmann allemand. En 1860, Thomas Nast, célèbre caricaturiste à l'emploi du journal new-yorkais Harper's Illustrated Weekly, illustre le poème de Moore. N'ayant pas la moindre idée de ce à quoi peut bien ressembler l'elfe de Moore, Nast, natif de la Bavière, représente Santa Claus sous la forme d'une figure pittoresque de son enfance dont il a gardé le souvenir, c'est-à-dire un personnage hivernal des villages de montagnes des Alpes bavaroises; une sorte de petit bonhomme plutôt effrayant, vêtu de fourrure et fumant la pipe. Pendant près de 30 ans, il illustre au moyen de centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa Claus, connu chez les francophones comme le père Noël. En 1885, Nast établit la résidence officielle du père Noël au pôle Nord, au moyen d'un dessin illustrant deux enfants regardant, sur une carte du monde, le tracé de son parcours depuis le pôle Nord jusqu'aux États-Unis.
Bien que plusieurs d'entre nous l'ignorent, c'est cependant à la compagnie Coca-Cola que nous devons l'image que nous nous faisons aujourd'hui du père Noël. Au fil des ans, le Santa Claus de Nast s'était fait plus amical et, en 1931, la compagnie Coca- Cola, désireuse d'étendre son marché aux enfants, décide d'utiliser le personnage de Santa Claus comme soutien à sa publicité. L'artiste Haddon Sundblom est désigné pour créer un nouveau père Noël plus commercial. Ainsi, au lieu de l'elfe de Moore ou du gnome grincheux de Nast, Sundblom imagine le joufflu et jovial personnage que nous connaissons aujourd'hui, dans un costume rouge rehaussé de fourrure blanche – le rouge et le blanc étant les couleurs de Coca-Cola. En 1941, ce père Noël s'embarque pour la Seconde Guerre mondiale et fait la conquête du monde! Le dernier père Noël Coca-Cola apparaît en 1964. Aujourd'hui, il symbolise Noël pour plusieurs enfants qui, le 24 décembre, espèrent entendre les clochettes de ses rennes qui sillonnent le ciel...
L'APOTRE DE REVEIL L.G. PENIEL