L’histoire d’Agar est une des histoires de la Bible comprise seulement en partie dans le milieu évangélique. Généralement, les lecteurs de l’Ancien Testament
se limitent aux seuls aspects de l’impatience de Sara, de l’infidélité d’Abraham d’une part et de la rébellion et de l’insolence d’Agar d’autre
part. (Gen 16, 1-5). Ceux du Nouveau Testament utilisent l’histoire d’Agar uniquement comme une allégorie où Agar et Ismaël
représentent les Juifs et leur tentative de garder la loi; Sara et Isaac représentant la promesse de Dieu reçue par la foi (Ga.4,24).
Certains même trouvent cette histoire pas très édifiante car les traits sont au contraire propres à troubler les croyants dans leur
culte pour le patriarche.
Mais cette histoire examinée dans son intégralité, nous fait découvrir bien plus d’autres dimensions que celles énumérées
ci-haut.
Voici en quelques lignes
le contexte dans lequel se déroule cette histoire.
La promesse de Dieu pour avoir un enfant tardant à s’accomplir, Sara devance le processus de l’accomplissement de la
promesse de Dieu et propose à Abraham de prendre comme épouse, Agar, la servante, afin de lui donner un enfant. Sara pense ``aider Dieu`` dans la réalisation de la
promesse mais il faut aussi remarquer qu’Abraham a la faiblesse de s’approprier cette idée.
Erreur! Car par ce geste, Sara ouvre la porte à la rivalité et à tant d’autres méfaits de la
polygamie dans la tente d’Abraham.
Le climat devient malsain et la tension monte jour après jour. La vie devient intenable et Sara chasse
Agar.
Celle-ci , démunie de toute ressource , s’en va loin de toute possibilité d’intervention humaine pour affronter,
seule d’abord et ensuite avec son fils, les périls du désert.
Le désert qui devrait être la fin d’un rêve se transforme en lieu de consolation et de révélation.
C’est dans le désert en effet que Dieu ENTEND le cri d’Agar et
VOIT sa misère. Il lui parle affectueusement et lui DONNE une grande promesse
semblable à celle qu’Il a fait à Abraham dans Gen. 16 :10, à savoir : < je multiplierai beaucoup ta
descendance et on ne pourra pas la compter …>
Qui est
Agar ?
Agar, dont le nom signifie la fugitive, l’émigrée, faisait partie probablement des esclaves que le couple Abraham – Sara avait
ramené d’Egypte (Gen. 12,20)
Elle est cette étrangère et esclave particulière qui s’est sûrement distinguée des autres par sa façon de
travailler, son dévouement , pour être choisie à porter le premier né de son Maître. Elle paraît avoir été fidèle, plus attachée à Sara que d’autres
esclaves, sinon la suite du récit ne se comprendrait pas.
Mais cette ascension phénoménale va apporter son lot de problèmes : d’un côté, l’arrogance et l’insolence d’Agar et de l’autre,
l’indignation et la vengeance de Sara qui n’accepte pas le mépris, l’outrage, l’affront de celle qu’elle a considéré jusqu’ici comme son inférieure. Blessée dans son égo,
Sara décide de la molester, de l’humilier à son gré, ne lui laissant qu’une seule issue, la fuite.
Agar est obligée de tout abandonner malgré elle. Elle quitte ``l’oasis bénie `` et s’enfuie loin de tous, désespérée. Elle voit tout s’écrouler devant elle. C’est la fin d’un rêve !
Elle s'en va vers le désert, ce plateau aride, lieu vide, lugubre et sans vie.
Elle y va sans espoir mais en revient avec une trouvaille, une grande promesse de Dieu.
Désert, lieu béni
Le dictionnaire Le Petit Larousse1 définit le désert comme une région très marquée par l’absence de végétation ou la pauvreté
des sols et la rareté du peuplement. Dans la vie courante lorsqu’on parle du désert, c’est souvent dans le sens négatif du terme.
Mais en parcourant la Bible, on peut relever à propos de ce mot des significations variées dont voici quelques unes :
- lieu de refuge, cas de David et d’Elie (1 Sam 23, 1R 19),
- lieu de révélation du cœur de l’homme , cas des Israelites dans le désert de Sin, des israélites à Tabeera, de Quoré et sa troupe, etc..
( Ex 16, Nbres 11, Nbres 16),
- lieu de combat, cas de Jésus dans le désert (Mat.4 )
- lieu d’accueil des dons de Dieu, cas de Moïse et le buisson ardent, Moïse et les dix commandements, etc.. (Ex 3, Ex 15, Ex 20)
Dans ce bel épisode d’Agar, le désert s’est révélé comme un lieu de Rencontre avec soi même et un lieu de rencontre avec Dieu.
Désert, lieu de la rencontre avec soi- même :
Agar déchue, se retrouve seule dans le désert seule et très démunie - L’environnement lui-même impose la
réflexion. L’ascension a été rapide et la faute grande. Mille questions sans réponses se succèdent dans ses pensées. Elle prend conscience de son erreur. Elle réalise que sa
responsabilité est grande dans la destruction de son rêve.
Elle a dû regretter en ce moment d'avoir irrité Sara par ses provocations !
C’est en s’éloignant des bruits, du brouhaha du monde, c’est dans le désert intérieur et extérieur qu’Agar
prend conscience de sa rébellion et de son péché.
Chacun de nous a besoin de ce temps difficile pour prendre conscience de son
péché. Cela ne veut pas dire que Dieu nous punit. Mais les conséquences de nos propres actions nous ouvrent les yeux. C’est à ce moment que s’accomplit la Parole qui
dit : < Je t’attirerais dans le désert et parlerai à ton cœur > (Osé2,16)
Désert, lieu de la rencontre avec Dieu
Après la rencontre avec soi-même, l’évaluation de la situation est faite. Vient ensuite la rencontre avec Dieu qui est un processus
de réhabilitation.
Rappelons-nous du cas du fils prodigue qui ayant quitté la maison de son père, un jour dans son errance, sa conscience lui
parle et le convainc de retourner dans la maison de son père –Il lui fallait prendre la décision de retourner dans la maison de son père et de s’humilier pour être réhabilité.
Comme pour le fils prodigue, dont la conscience l’obligeait à retourner dans la maison de son père, Dieu qui hait la désobéissance, la
rébellion et qui aime Agar, lui ordonne de retourner dans la maison de son Maître. Dans ce processus de réhabilitation, Dieu lui donne une
condition : celle de retourner auprès de son Maître et de s’humilier.
Le Dieu d’Israël interroge, il pose des questions et appelle Agar à dire la vérité, à rentrer en elle-même et à faire face à sa
faiblesse. Dieu ne se contente pas de l’écouter, Il la console.
Remarquons que lorsque l’ange intervient, il parle à Agar sous ce termes : <….D’où viens-tu et où pars-tu …..? >
C’est un rappel à l’ordre qui sous- entends : < tu fais une folie !
Arrête-toi là, tu cours un danger ! Ce que tu fais n’a pas de sens ! Reviens et humilie-toi auprès de ton Maître et tu seras bénie – toi et l’enfant que tu portes –Reviens sur tes pas, fais
ton devoir envers ton Maître, mets de l’ordre et moi je vais faire ma part.>
Agar obéit, rebrousse chemin et retourne s’humilier auprès de l’épouse de son seigneur.
Dieu aime un cœur repentant – Il a pardonné à David son meurtre car il s’est repentit mais a puni sévèrement Caïn et, le roi Akan,….qui
ont refusé de se repentir
Dieu se réjouit de la repentance d’Agar et manifeste sa présence – Il n'est pas seulement auprès d'Abraham le juste, dans la chênaie de
Mamré. Il est dans le désert de Beersheba, auprès d'Agar, l'esclave.
Cependant pour lui reconnaître une certaine dignité, Dieu fait à Agar, une femme, la même promesse qu'à Abraham : celle d'une
descendance nombreuse! Dieu prouve l’égalité de conditions de l’homme et de la femme et ceci malgré les lois de l’époque qui infériorisaient les femmes.
l.
La promesse de Dieu est IMPRESCRIPTIBLE
Dans les lignes qui précèdent nous avons relevé la rencontre de Dieu avec Agar. Il
s’est révélé personnellement à elle dans le désert. De sa figue, elle rapporte une belle histoire à raconter, histoire qui ne doit pas beaucoup
plaire à la Maîtresse de la maison.
Agar, à qui Sara voulait donner une belle leçon, rentre par ‘la grande porte’ avec une promesse semblable à celle faite à
Abraham, le maître de la maison.
Le désert qui était la fin d’un rêve devient le lieu de naissance d’un rêve grandiose, lieu de restauration pour cette jeune
esclave.
Jalousie, ennemi de l’accomplissement de la promesse
Isaac, fils de Sara et d’Abraham est né, l’enfant longtemps attendu est là. - Ismaël a grandi, il est devenu un jeune adolescent
plein de vitalité – Abraham est heureux d’avoir ces deux fils – 15 ans après la grande crise, la tempête devrait s’être calmée.
Mais là surgit un autre ‘ virus’, la jalousie et l’hostilité de Sara qui craint que le fils d’Agar puisse briguer la place de son
fils.
Un ‘cocktail’ de jalousie et de crainte domine sur Sara ! Elle exige d’Abraham de chasser Ismaël et sa mère.
La mort dans l’âme, pour sauver son couple, Abraham fait un choix difficile, celui de répudier son propre fils. La
Parole montre dans le chapitre 21 de Genèse qu’Abraham aimait Ismaël, il priait pour lui.
La jalousie et l’hostilité de Sara vont la conduire à vouloir contrecarrer la promesse de Dieu faite à Agar en chassant vers le désert la
jeune mère et son fils qui risquaient d’y perdre la vie. Mais la promesse de Dieu ne peut jamais être compromise quelles que soient les circonstances.
Les larmes aveuglent et le cri vers Dieu sauve
Dans l'immense étendue désertique et morne, qui donc entendra la voix d'une mère répudiée, appelant au secours pour son enfant ? Et si même
une caravane passait dans le voisinage, qui donc aurait pitié d'une esclave, ignominieusement chassée ?
Agar lance un cri de désespoir dans le vide du désert. Cependant, il en est un qui a entendu le cri de la pauvre mère. Agar connaît le secret,
elle sait que Celui qu’elle a appelé ‘Ata El Roi’, le Dieu qui l’a vu , il y’a quinze ans, viendra à son secours.
Des hauteurs de son sanctuaire, du fond de sa gloire infinie, il a entendu la voix d'Ismaël mourant, Lui, le Dieu d'Israël, qui est aussi le
Dieu de toute l'humanité. Il a apporté la solution, le secours.
Tout à l'heure ses larmes aveuglaient Agar, son cœur était trop désespéré : elle ne voyait rien. Dieu a entendu sa plainte, il a vu ses
larmes. Il lui a ouvert les yeux. Il lui a rendu la clairvoyance pour voir la source d’eau, non loin, à ses pieds.
La source est toujours là, mais il faut la chercher. C'est l'œuvre de la prière. Livrés à nous-mêmes, nous défaillons, mais la source n'est pas
loin. Nous en avons pour garant Celui qui a dit : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive », et qui, ayant dit cela, a désaltéré, de génération en génération, la
soif des âmes, en leur donnant l'eau vive, celle qui calme l'inquiétude humaine.
L’amour de Dieu n’est pas exclusif
Dieu se soucie des cris des femmes abandonnées et se solidarise avec des femmes exclues par la société peu importe leur statut matrimonial
ou social. Il voit la douleur et entend le cri désespéré et il apporte soutien, courage et
espérance. Il a fait de Rahab, la prostitué, de Léa, la mal aimée, de Ruth, la désespérée, des ancêtres de Jésus
Ce passage démontre le plan de Dieu pour nous les femmes .Le temps est venu pour les femmes chrétiennes de saisir pleinement la destinée que Dieu a prévue pour elles.
L'APOTRE DE REVEIL L.G PENIEL